top of page

Le Big Business de la DMLA

Dernière mise à jour : il y a 5 jours


Injection intrarétienne DMLA
Le Big Business des injections intrarétiennes pour la DMLA

Derrière chaque seringue prétendant "corriger" une vue défaillante, s’étend l’immense machine du Big Business de la DMLA, véritable empire médico-pharmaceutique et financier. Injections à la chaîne, consentement extorqué, silence imposé. Cet article n’est pas seulement un témoignage : c’est un manifeste, une investigation sur l’aveuglement institutionnalisé, les profits dissimulés et la loi du silence sans scrupules de Big Pharma. Une voix libre pour celles et ceux qui refusent de se taire.

Les choses qui fâchent : le Big Business de la DMLA

            Je me souviens du jour où le diagnostic est tombé, et comment j'ai découvert le Big Business de la DMLA. Je n'ai pas été surprise, mais je ne m’attendais pas à "ça". Depuis quelques mois, des signes de faiblesse s’étaient manifestés, attribués à la fatigue engendrée par mes activités. Rien d’alarmant, pensais-je, et je ne m’y attardais pas. Je croyais être épargnée par le temps. En apparence. Certes, les années passent, et c'est inexorable. Toutefois, je ne perçois pas le temps qui s'écoule en termes de vieillissement. Ce qui revient au même, me direz-vous.

 

            J’exerce dans le domaine des médecines alternatives, plus précisément dans la médecine énergétique et la psycho-énergie. J’ai également affiné mon expertise dans les thérapies issues des traditions chinoises, tibétaines et japonaises. "Un esprit sain dans un corps sain" résume, sans toutefois limiter, mon approche thérapeutique.

Quand la parole du médecin n'est plus parole d'évangile

            Il est exceptionnel que je consulte un médecin. Je m'efforce de me maintenir en bonne santé – et c’est tant mieux pour le praticien, car je suis une patiente difficile : impatiente, râleuse, prompte à pester contre tout et n’importe quoi. Malade, je deviens insupportable. Tout à fait le genre de patiente que je n'aimerais pas recevoir à mon cabinet. J’ai pourtant connu, par le passé, la maladie, les hôpitaux, les traitements lourds. J’ai alors subi, sans presque broncher. Depuis, j’ai développé une aversion profonde pour tout acte médical, aussi bénin soit-il, et je suis rebelle aux diktats de la médecine. Il est vrai que si je m'étais conformée à tous les traitements préconisés, je ne serais probablement plus de ce monde aujourd'hui. La parole du médecin n'est plus, comme autrefois, parole d'évangile, écoutée et suivie religieusement. Peut-être devrait-on se poser la question pourquoi la parole du "doc" n'est plus entendue ?

L'injection intrarétinienne ? une barbarie médicale

            Dans la vie, j'aime comprendre et avoir le choix des armes. Ma confiance est loin d'être aveugle et il en faut beaucoup pour me convaincre. Il en résulte que je repousse souvent les visites et les contrôles, quand je ne les ignore pas purement et simplement. Non par immaturité, mais par la perception de mon corps et de ce qu'il me murmure. Cette fois, j’ai senti venir le mauvais vent, et c’est ainsi que l’angiographie a tranché, m’assénant une DMLA exsudative, la forme humide de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. En soi, le verdict n’est pas le problème. À ce stade de mon récit, mon expérience personnelle est anecdotique. En revanche, il faut savoir – si vous ne le savez pas déjà – que, sur le marché de la DMLA, il n’existerait à ce jour qu’un seul traitement : l’injection intraoculaire. Un acte de barbarie médicale parmi d'autres qui subsistent encore aujourd’hui.

Vue vieillissante ? Machine à cash

            Ce qui m’a frappée, c’est la logique implacable de cette mécanique trop bien huilée, au sein des cabinets d’ophtalmologie, tels que celui qui a pratiqué mon examen : un de ces somptueux cabinets cannois où aucune alternative n’est proposée, aucune discussion possible, tant ce petit monde revendique la suprématie de ces injections si lucratives. Les louanges excessives d’une secrétaire envers sa patronne, qui pratique vingt à trente injections intrarétiniennes par semaine, ont achevé de susciter un rejet viscéral, auquel elle ne s’attendait sans doute pas. On parle ici d’un protocole qui impose chaque mois une aiguille plantée dans l’œil ("ça fait moins mal qu’une piqûre", dixit la praticienne), un médicament hors de prix, injecté à la chaîne. Cash Machine !


            En outre, j’ai été saisie par la brutalité clinique de cette sentence, assénée sans nuance, sans une once d'humanité, comme si la condition de patiente destinée à recevoir sa piqûre dans un silence résigné, ne valait guère plus que celle d’un mouton docile, parce qu'ignorant, destiné à l'abattoir. Je m'insurge devant de tels comportements de la part de celles et ceux dont la fonction première est de soigner, et de guérir s'ils le peuvent. La docilité et la résignation n'ont jamais compté parmi mes qualités, ou devrais-je plutôt dire, mes défauts

Une protocole implicite et systématique

            Je poursuis mon petit interrogatoire auprès de la "doc" et j'insiste pour en savoir davantage. J'apprends que ce médicament anti-VEGF, qu’on voudrait m’injecter dans le vitré de l’œil, vise à assécher les néo-vaisseaux qui menacent ma vision centrale. D'après mes recherches, le geste est technique, invasif, impressionnant. D'ordinaire, il se pratique au bloc, de préférence par un chirurgien ophtalmologiste ­– ce qui n'est pas le cas de la "doc" au vu des titres figurant sur son ordonnance – œil anesthésié, paupière écarquillée et seringue pointée vers la rétine. La "doc", jusque-là avare de parole, retrouve sa langue de bois. C'est une femme de l'est (comme moi), encore fondue dans un bloc de glace, l'humour soviétique. Elle ne mentionne ni les risques, pourtant bien réels, d’infection, de cataracte induite ou de décollement de rétine, voire de perte de la vision centrale comme il est arrivé à certains de mes clients. Elle me dit que "ça se passera bien". Je lui réponds que "ça ne se passera pas". La "doc" ignore ou fait semblant d'ignorer ma remarque puisqu'elle ajoute que je devrais revenir le mois prochain, et encore le suivant… Je la laisse raconter son discours qu'elle ressert à chacun des patients. Une injection par mois pendant au moins trois mois, puis on avisera. J'adore le "on" avisera. Pour ma part, c'est déjà tout avisé. Pourquoi débattre avec elle qui ne fait que suivre le protocole standard ? Je me demande alors laquelle de nous deux peut être qualifiée de "mouton". Aucune alternative n’est évoquée – ni photothérapie, ni simple surveillance, ni recours à un deuxième avis. L’ordonnance est déjà prête avant même le diagnostic, tant la procédure paraît systématique.

 Des cycles d'injection en série

            Je réitère mon refus formel de me soumettre à un tel traitement. Au stade de ma DMLA, il n'y a pas lieu de s'affoler ni de recourir à l'artillerie lourde. La mine de mon interlocutrice se fait déjà moins aimable, si c'est possible. L'infirmière qui l'assiste (payée 18,90€ pour l'injection de fluorescéine sodique, réglée séparément) la regarde d'un air entendu. Je me fiche de leurs mines renfrognées. Cependant, j’éprouve la désagréable impression d’être entrée dans une usine à piqûres, où chaque nouveau diagnostiqué est aussitôt emporté dans un cycle d’injections en série. "Fais-toi piquer et tais-toi", mais n'oublie pas de passer à la caisse, sors ta carte bancaire de préférence, "pour éviter de remplir les remises de chèques, car ça prend du temps". Quel tact !

 Une pilule dure à avaler

            De retour chez moi, je consulte le web sur le sujet. Dès la première séance, la réalité de ce traitement s’impose avec violence. On immobilise l'œil, on le désinfecte abondamment, puis vient la piqûre. Ce n’est pas tant la douleur – quelque peu atténuée par  l’anesthésie locale – que l’effraction psychologique qui me bouleverse : voir une aiguille s’avancer dans son champ de vision (faut-il encore la laisser s'approcher), sentir la pression dans le globe oculaire, puis ressortir, doit laisser quelques traces dans l'esprit des patients, même les plus courageux. Je comprends à présent pourquoi l'ordonnance présentait de l'Atarax, un anxiolytique, peut-être destiné à me faire avaler des couleuvres.

Même pas mal !

            Je me souviens que la secrétaire, dans ses efforts de persuasion, a plaisanté avec l'assistante mentionnant que les patients lui broyaient les mains lors des injections. Oups ! il faudrait savoir : ça fait mal ou ça ne fait pas mal ? (même si l'oeil est "inervé, des patients souffrent). Laquelle secrétaire a tenté de me faire signer le consentement et la reconnaissance des risques de l'injection, s'est ravisée, puis m'a présenté la fiche d'information sur les risques possibles de l'angiographie... qui venait de se terminer. J'ai refusé de signer. D'une part, parce que je n'y voyais rien, et je trouvais un peu léger de m'informer des risques après que l'examen fut réalisé. En outre, j'avais les pupilles dilatées par les collyres. Un regard de louve cosmique tombée dans la belladone, version junkie.

 La désobéissance

            En sortant de ce cabinet, me promettant de ne plus jamais y revenir, j'ai senti la colère monter comme un ascenseur supersonique, la rébellion surgir telle un génie vengeur, la désobéissance pointer sa désingueuse sur l'ennemi. Pour exorciser cette violence inattendue, (d'ordinaire, je suis plutôt zen), j'ai pensé que l'écriture deviendrait à la fois un acte de charité à vertu éducative, et pour moi, un exercice salvateur et libérateur.

 

            Ainsi donc, ai-je appris, qu'après le traitement standard, beaucoup de patients continuent à se faire piquer l'œil, voire les deux yeux pour les plus malchanceux,  pendant un, deux ou trois ans, parfois plus, espérant stabiliser la DMLA. Certains en arrivent à huit ou douze injections par an avant d’espacer le rythme . Pour la plupart, chaque injection développe un stress intense, suivi de deux ou trois jours de douleurs oculaires, avant que l’œil ne "redevienne normal". On s’y fait, paraît-il.

Un business lucratif sous couvert de soin

            Cette vision de "l'usine à gaz" n’est pas qu'une vue de l'esprit. C'est une réalité dérangeante et guère flatteuse pour le corps médical. Derrière chaque seringue se cache un véritable empire médico-économique. Parmi les sources consultées pour rédiger mon article, j’ai découvert que les injections intraoculaires pour la DMLA humide ne sont pas qu’un acte médical ; c’est un marché colossal, un Big Business qui n'étonne plus vraiment aujourd'hui, tant d'autres secteurs médicaux sont touchés par le phénomène.

 Chaque flacon à usage unique coûte entre 600€ et 738€,

            Les molécules injectées – principalement le ranibizumab (nom de marque Lucentis) et l’aflibercept (Eylea) – sont vendues à prix d’or par les laboratoires pharmaceutiques qui les produisent. Chaque flacon à usage unique coûte entre 600€ et 738€, et il en faut souvent des dizaines par œil sur la durée du traitement. L’Assurance Maladie prend en charge à 100% dans le cadre de l’ALD, ce qui soulage le portefeuille des patients, mais qui plombe les finances de la Sécurité Sociale. La France cherche 500 milliards d'euros ? Tout le monde s'en fiche, ou presque. Il est également regrettable d'observer le comportement égoïste de certains patients que je qualifierais de "TPMG," acronyme de "Tout Pour ma Gueule". Le "ce n'est pas moi qui paie, c'est la Sécu" a le don de me mettre en rogne au regard de leur bêtise et des cotisations sociales que nous payons pour financer ce genre de délires. Ce sont les mêmes individus qui vous foncent dessus avec leur chariot dans les supermarchés, qui roulent à trente à l'heure aux heures de pointe et qui revendiquent leur grand âge pour leur céder la dernière place assise dans un autobus bondé.

Quel impact sur la collectivité ?

            La Sécurité Sociale, la collectivité, c'est-à-dire vous et moi, contribuons à engraisser ce beau monde : un jackpot financier pour l’industrie pharmaceutique, discrètement ponctionné sur nos cotisations.

 

            Les chiffres donnent le vertige. En 2016, le Lucentis figurait au 2ème rang des médicaments les plus coûteux pour la Sécurité sociale avec 322 millions d’euros remboursés sur l’année, talonné par l’Eylea à 259 millions d’euros . Plus de 500 millions d’euros en un an partis dans ces seules injections de DMLA exsudative . De quoi se payer de beaux cabinets à Cannes. Et ce montant ne fait qu’augmenter avec le vieillissement de la population. À titre de comparaison, un traitement alternatif moins onéreux existe pourtant : le bévacizumab (Avastin), un anticorps monoclonal initialement développé contre le cancer et utilisable hors AMM pour la DMLA. Son prix est dérisoire à côté des autres – autour de 30€ et 100€ l’injection selon les conditions de préparation . Pourquoi alors ne pas l’avoir proposé d’emblée ? J’ai compris en fouillant un peu : les laboratoires Novartis et Roche, détenteurs respectifs du Lucentis et de l’Avastin, ont tout intérêt à ce que le plus cher domine le marché. Ils se sont même retrouvés condamnés en 2014 par l’Autorité de la concurrence en Italie pour entente illicite, accusés d’avoir fait pression afin de privilégier Lucentis au détriment d’Avastin . En France, face à l’envolée des dépenses, les autorités de santé ont fini par autoriser temporairement l’Avastin en ophtalmologie (dès 2015) contre l’avis du laboratoire Roche . Ce bras de fer éclaire d’une lumière crue la part d’influence de l’industrie sur nos traitements : lorsque deux médicaments sont issus de la même molécule-mère, l’un est vendu 20 fois plus cher que l’autre uniquement parce qu’il a une autorisation officielle dans l’indication. Et tout est fait pour nous conduire vers le plus coûteux, au nom de la “qualité” et de la “sécurité” – du moins c’est l’argument avancé par Roche pour s’opposer à Avastin .

 

            Mon ophtalmologiste habituelle est certainement une bonne personne, une femme sympathique à l'ouverture d'esprit plus étendue que la moyenne. Cependant, elle "suit" les recommandations officielles, formée qu’elle est à préconiser le standard de soin. Mais ce standard est lui-même le fruit de décennies de lobby pharmaceutique, qui a su imposer l’injection d’anti-VEGF comme l'unique réponse à la DMLA humide. Pourquoi s’en étonner ? Ce traitement a révolutionné la prise en charge de la maladie, ne guérissant jamais, stabilisant parfois la vue de nombreux patients. Il a aussi créé une rente fabuleuse pour quelques grands groupes pharmaceutiques (et les ophtalmos). Du point de vue d’un Novartis ou d’un Bayer, chaque œil traité est un client à vie qui validera potentiellement une injection mensuelle ad infinitum. La tentation est grande de considérer l’œil humain comme un centre de profit renouvelable, à grands renforts de seringues.

Le grand silence des patients

            Et les patients, dans tout ça ? Pour la plupart d’entre eux, ils n'expriment que le silence, l'obéissance, la résignation, la peur – telles de pauvres bêtes qu’on mène à l'abattoir, qui sentent le danger, mais ne savent pas encore ce qui va leur arriver. Lorsque j'attendais mon tour dans la salle d'attente, heureusement accompagnée par une amie, (la conduite est impossible avec les pupilles dilatées au risque de confondre un gendarme avec un bec de gaz 😇), la mine défaite et résignée des patients m'a édifiée sur leur état d'esprit. Après tout, c'est mon job de lire les visages, de déchiffrer l'implicite quand il n'y a pas de place pour l'explicite, de percevoir les soucis, les blessures et les chagrins. Ces personnes étaient statufiées dans la résignation, à l'exception d'un homme qui fulminait dans son coin, révolté de n'avoir aucune alternative, peu importe que vous soyez au premier ou au dernier stade de la maladie. Pour tous, même motif, même punition : l'injection ! Alors, les plus désespérés ou les plus dociles tendent l’œil et supportent comme ils le peuvent. Après deux ou trois Atarax, ça calme assurément, mais je ne suis pas certaine de garder les yeux ouverts.

Des injections à vie !

  Au fil des mois, les patients subissent cette routine contraignante, éprouvante psychologiquement et physiquement, sans savoir combien de temps cela va durer. La plupart n’ose pas remettre en question l’autorité médicale, serre les dents et broie les mains de l'assistante, en espérant faire partie des “répondants”, ceux chez qui la vision va réellement s'améliorer. Nous parlons d'une pathologie liée à l'âge, un processus irréversible. L'autre vérité à peine murmurée, est que l’efficacité de ces traitements n’est pas garantie à 100%. La réalité est fort éloignée de ce que l'on pourrait espérer d'un tel traitement. Si certains retrouvent quelques lignes d’acuité visuelle, d’autres au contraire ne constatent qu'une petite amélioration, une stabilisation transitoire, ou s'affligent de la progression de la maladie. Le médecin ajuste alors le protocole : on ajoute des injections, on change de molécule (Lucentis vers Eylea ou vice-versa), sans certitude absolue de succès.

Ceux qui jetent l'éponge, ou plutôt la seringue

             Les études “en vie réelle” montrent que les résultats obtenus hors des essais cliniques sont souvent plus modestes qu’espéré. Ce qui contredit la plupart des études financées par les laboratoires. Un grand nombre de patients finit par interrompre le traitement au bout d’un certain temps, soit par l'insignifiance des résultats, soit par lassitude, ou parce que les contraintes logistiques sont trop lourdes. Imaginez-vous, à l'âge de 80 ou 85 ans, prendre chaque mois un transport pour l’hôpital, attendre des heures, subir l’injection, rentrer chez vous l’œil irrité – tout cela pour un bénéfice parfois imperceptible ? On vous tiendra un temps en vous disant "c'est pour éviter le pire", mais le pire avec la DMLA ne vous rendra pas aveugle. Sans compter l’angoisse qui revient à chaque rendez-vous, certains en font des nuits blanches. Ce fardeau thérapeutique pèse sur la qualité de vie. Les patients n'osent pas en parler ouvertement, de peur d’être jugés "non observants". Ils se taisent, ils subissent. D’autres, moins dociles, finissent par dire stop et préfèrent conserver ce qu’il leur reste de vue. Ces abandons de traitement sont fréquents sur le moyen terme et s'accentuent sur le long terme, Combien même ces abandons se font dans la discrétion, (pas question de faire des vagues, et compromettre le flux de la corne d'abondance), ces désertions reflètent un profond décalage entre la logique médicale et la réalité vécue des patients. Dans cette machinerie, le ressenti individuel passe souvent sous le radar. Les patients sont des "cas" cliniques qu’il faut traiter selon le protocole, pas des personnes. Il n'y a pas de place aux doutes, aux préférences. Le silence des patients, c’est parfois de la résignation et la crainte d'exprimer un avis dissonant.

Coût public, profits privés : un équilibre toxique

            Au-delà du poids sur les individus, je suis abasourdie du coût collectif de l'application de ce système. La DMLA est reconnue en Affection Longue Durée (ALD), par conséquent, le patient est déchargé de l'intégralité des frais médicaux, sauf les dépassements d'honoraires quasi systématiques pratiqués par les ophtalmogolistes. En revanche, la communauté nationale finance intégralement ces traitements. En France, on estime qu’environ 1,5 million de personnes de plus de 50 ans souffrent d’une forme de DMLA, dont des centaines de milliers avec la forme exsudative susceptible d’être traitée par injections. Si l’on ne traitait qu’une personne, débourser 600 € chaque mois pour sauver sa vision serait un effort louable. Si vous multipliez cette somme par des dizaines de milliers, mois après mois, année après année : c'est un gouffre sans fond. On l’a vu, plus d’un demi-milliard d’euros par an partaient déjà en 2016 dans ces anti-VEGF. Le cumul sur une décennie dépasse allègrement plusieurs milliards d’euros.

 

            Ces sommes astronomiques posent question. Quel rapport coût-bénéfice réel pour l'individu et la collectivité ? Il est un fait que la préservation de l’autonomie visuelle des aînés évite également des risques et des coûts (moins de chutes, de dépendance, etc.). Mais a-t-on évalué correctement l’impact de tant d’injections, y compris celles faites à des patients finalement non-répondants ou abandonnant en cours de route ? J’ose poser la question : jusqu’où accepterons-nous de financer aveuglément (sans jeu de mots) un protocole dicté par le profit ?

 L'omerta des laboratoires pharmaceutiques

            Il y a quelques années, des voix se sont élevées pour rationaliser ces dépenses. L’État a tenté d’introduire l’Avastin, meilleur marché,  pour faire baisser la note . Des associations de patients ont demandé plus de transparence sur l’efficacité à long terme, plus d’information sur les alternatives et sur les risques. Le débat public autour de la DMLA est resté étonnamment feutré. Chut… pas de mots qui fâchent, de bruits qui courent. Faire taire les bavards, les donneurs d'alerte, les inopportuns. Contrairement à d’autres scandales sanitaires qui défrayent la chronique, ici pas d’éruption médiatique massive. On parle d’une maladie de “vieux", de traitements pointus réservés aux spécialistes. payés à prix d'or. Contrairement à la mafia, ici pas de code d'honneur, que des intérêts jalousement gardés.

 

            Le silence des patients s’étend aussi à la société civile, qui peine à s’emparer du sujet. Pendant ce temps, l’empire de la seringue prospère, discrètement alimenté par les fonds publics. La Sécurité Sociale assume sans broncher ces demi-milliards annuels, pendant que les laboratoires affichent des chiffres d’affaires florissants grâce à nos yeux fatigués. Que la complicité soit active ou passive, la responsabilité repose sur la tête de tous. 

Pour une autre approche du soin : sortir de l’engrenage

            Faut-il pour autant rejeter en bloc et refuser les traitements anti-VEGF ? Certainement pas pour ceux qui ont le courage de voir s'approcher une seringue de leur œil. Ces injections ont permis de stabiliser ou d’améliorer la vision de certains patients qui, il y a 20 ans, auraient inexorablement perdu la vision centrale. Le progrès médical est réel. Néanmoins, il est temps de revendiquer une autre approche du soin, plus respectueuse du patient et moins captive des intérêts privés. Concrètement, cela passe par plusieurs changements de perspective :

 

  • Informer et responsabiliser le patient : Aucun traitement ne devrait être imposé dans la précipitation sans explications claires. Face à une DMLA exsudative, le patient doit être considéré comme un acteur de son choix thérapeutique. Cela implique de lui présenter honnêtement les bénéfices attendus et les contraintes des injections, mais aussi d’éventuelles alternatives ou compléments (comme la rééducation visuelle, les aides optiques, les compléments alimentaires qui, s’ils ne guérissent pas, peuvent soutenir la santé oculaire). Un patient bien informé pourra consentir ou refuser librement, au lieu de se sentir piégé.

 

  • Diversifier les approches thérapeutiques : Pourquoi la recherche publique n’a-t-elle pas davantage exploré de traitements moins invasifs ? Il existe des pistes : certaines thérapies géniques ou anti-VEGF de nouvelle génération promettent de réduire la fréquence des injections (par exemple un nouvel agent qui prolongerait l’effet sur plusieurs mois). On peut aussi imaginer des implants intraoculaires libérant le médicament en continu, évitant des actes répétés. Ces innovations pointent à l’horizon et méritent un soutien, car elles allègent le fardeau sur le patient. Par ailleurs, remettre sérieusement sur la table l'évaluation de l’intérêt d’Avastin ou de biosimilaires moins chers à grande échelle – si les résultats visuels sont équivalents, la collectivité et les patients y gagneraient, sauf les caisses de Big Pharma.

 

  • Replacer la balle au centre : l’éthique. Il est crucial de dissocier la décision médicale des incitations financières. Cela peut passer par une vigilance accrue sur les liens d’intérêts des experts qui rédigent les protocoles (un bon nombre d'entre eux travaillent ou conseillent les laboratoires). Imaginons un modèle où l’on récompense l’efficacité globale d’une prise en charge plutôt que la quantité d’actes réalisés. Par exemple, valoriser un ophtalmologiste qui a su stabiliser son patient avec 5 injections plutôt qu’un autre qui en a fait 10 sans meilleur résultat. Le but n’est pas de rationner aveuglément, mais de soigner intelligemment.

 

  • Donner la parole au patient et considérer son avis : Enfin, il faut redonner la parole au patient. Briser le silence des patients par un dialogue éclairé entre soignants, patients et société. Oui, sauver la vue est primordial. Mais la manière de le faire compte tout autant. Dans un monde meilleur, j'aurais aimé entendre "Vous souffrez d'une DMLA humide. C’est sérieux, mais nous avons plusieurs pistes. On peut tenter des injections, qui coûtent cher et peuvent être contraignantes, mais qui dans la plupart des cas stabilisent la vue. Il existe aussi un autre produit moins cher avec un peu moins de recul, on pourra en discuter. On peut aussi vous laisser quelques jours pour réfléchir ou prendre un deuxième avis".

 

  • Le Big Business de la DMLA ne s’effondrera pas du jour au lendemain. Trop d’intérêts en jeu, trop d’habitudes prises. Cependant, à force de lucidité et d’exigence, on peut fissurer ses fondations. Refuser la fatalité d’une médecine à deux vitesses – l’une technologique mais cupide, l’autre humaine mais qualifiée "d'alternative” – pour réconcilier l’efficace et le juste. Notre santé visuelle mérite mieux qu’un gigantesque compte de résultats. Elle mérite une vision holistique du soin, où chaque injection, si elle est nécessaire, s’inscrit dans un accompagnement global, éclairé et choisi. Ni moutons, ni cobayes : reconnaitre aux patients leur rôle d'acteurs conscients, afin que le silence complaisant cède la place à une parole libre et à un vrai soin partagé.


Une note jubilatoire pour conclure le sujet : la louve ne se laissera pas planter une seringue dans l'œil sans avoir planté son doigt effilé dans l'œil de celui ou de celle qui tient la seringue.


À Voix Nue by Katja Hanska

Verve grinçante et vérité qui claque

Le Privilège de l'Âge ? peut-être.

 

Mentions légales – À Voix Nue by Katja Hanska

Les propos tenus dans cet article relèvent d’un témoignage personnel, nourri de recherches, de sources publiques et de réflexions critiques. Ils n’ont pas vocation à diffamer, attaquer ou porter préjudice à qui que ce soit, mais à questionner, éclairer et ouvrir le débat sur des enjeux de santé publique. Toute ressemblance avec des situations vécues ne saurait être que le reflet d’une réalité partagée.

1 Comment

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
Patricia Schmitzer
il y a 2 jours
Rated 5 out of 5 stars.

Pas étonnant, les laboratoires sont des escrocs !

Like

Katja Hanska Healing Energy

Katja Hanska Logo
  • Télégramme
  • WhatsApp
  • VK
  • Facebook
bottom of page